Une personne atteinte du VIH ou du sida peut-elle immigrer au Canada ?
De nombreux pays refusent l'entrée aux personnes vivant avec le VIH ou le sida par crainte de mettre en danger la santé publique de leur population, ce qui peut sembler évident et compréhensible, mais la loi ou la politique canadienne ne contient pas d'exclusion générale des personnes vivant avec le VIH, ni ne mentionne spécifiquement le VIH ou le sida ; En fait, le Canada permet à ces personnes de se rendre dans le pays, sans pour autant négliger la préservation et les soins de ses citoyens, bien entendu, mais il fixe des critères stricts pour approuver ou désapprouver une demande, selon qu'il s'agit d'une demande de résidence permanente, de résidence temporaire ou d'asile. Cet article d'Immiland détaille chacune des demandes et leur probabilité de rejet pour une personne séropositive ou atteinte du sida.
Résidence permanente
Les catégories de personnes reconnues comme pouvant demander la résidence permanente sont les suivantes :
- Travailleurs qualifiés.
- Les entrepreneurs.
- Certains membres de la famille d'une personne ayant déjà le statut de résident permanent (par exemple, le conjoint, le partenaire non marié, les enfants à charge, etc.)
L'examen médical comprend un test de dépistage du VIH
Tous les demandeurs de résidence permanente au Canada âgés de plus de 15 ans doivent se soumettre à un examen médical d'immigration, y compris un test de dépistage du VIH.
Un résultat positif au test du VIH peut rendre difficile l'immigration permanente au Canada car, bien que les lois et politiques canadiennes ne mentionnent pas spécifiquement le VIH, elles permettent de refuser une demande pour des raisons d'inadmissibilité médicale.
Quels sont les critères pris en compte pour refuser la résidence permanente pour des raisons médicales ?
Le refus de l'autorisation de séjour permanent pour raisons médicales peut être justifié par l'un des deux critères suivants :
- Lorsque l'état de santé de la personne est jugé dangereux pour la santé et la sécurité publiques (les services d'immigration n'appliquent toutefois plus cette désignation aux personnes vivant avec le VIH).
- Lorsque la personne est considérée comme représentant un fardeau excessif pour les services sociaux ou de santé au Canada.
Quelle est la demande excessive de services sociaux ou de santé ?
Les autorités d'immigration utilisent le critère du fardeau excessif pour limiter l'admissibilité des demandeurs de résidence permanente en rejetant les demandes sur la base des coûts (le fardeau excessif que le demandeur ferait peser sur les services sociaux et de santé).
La demande est considérée comme excessive lorsque ces deux conditions sont réunies :
- Les coûts potentiels liés aux services sociaux et de santé que le demandeur peut encourir dépassent le coût annuel potentiel moyen du résident canadien (la moyenne est calculée sur une base mobile de 5 à 10 ans, selon le cas).
- Une telle demande aurait pour effet d'allonger les listes d'attente actuelles pour les services sociaux et de santé au Canada et d'augmenter les taux de mortalité et de morbidité, étant donné que les services requis ne pourraient pas être fournis en temps voulu.
Concrètement, ce critère signifie que le Canada ne veut pas dépenser plus pour les services sociaux ou de santé des demandeurs de résidence permanente que ce qui est déjà dépensé en moyenne pour les résidents canadiens.
Il est important de savoir que l'idée d'une demande excessive ne se concentre pas seulement sur l'état de santé actuel du demandeur, mais aussi sur ses besoins potentiels à long terme en matière de soins de santé. Par conséquent, les services d'immigration évalueront également si un demandeur risque d'être surchargé en ce qui concerne les services sociaux et de santé au cours des dix (10) prochaines années.
Coûts et possibilité de rejet de la demande
Le fait qu'une personne n'ait pas besoin de soins et/ou d'assistance au moment de la demande n'est pas pertinent ; le calcul va au-delà des coûts actuels et évalue tous les coûts prévisibles qu'une personne pourrait encourir. Par conséquent, s'il est établi que le risque d'hospitalisation est plus élevé que la moyenne ou que les besoins médicaux deviendront trop coûteux dans les dix (10) ans suivant la demande, cette dernière peut être rejetée. Par conséquent, l'évaluation finale de la demande est basée sur des considérations financières.
Compte tenu du coût élevé des antirétroviraux et des soins médicaux dont ont besoin les personnes vivant avec le VIH, les demandeurs de résidence permanente peuvent représenter une demande excédentaire de services sociaux ou de santé pour Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) (voir la politique publique temporaire sur le seuil de demande excédentaire et le plan d'atténuation de la demande excédentaire).
Dérogations au risque de demande excessive pour une personne séropositive
La prise en compte du risque de demande excessive ne s'applique pas dans les circonstances suivantes :
- Si vous avez déposé une demande en tant que réfugié.
- Si vous avez été parrainé en tant que conjoint ou enfant à charge d'un citoyen canadien ou d'un résident permanent.
Dans ces deux situations, la séropositivité n'est pas un obstacle à votre demande de résidence permanente. Cependant, vous devrez signer un document autorisant les autorités d'immigration à informer votre parrain et/ou votre partenaire vivant au Canada de votre séropositivité. En effet, la politique de notification automatique du partenaire pour les demandeurs séropositifs de la catégorie du regroupement familial et de la catégorie des réfugiés dépendants prévoit un délai de 60 jours, à compter de la date à laquelle le demandeur est informé de la politique, pour divulguer volontairement votre séropositivité à votre conjoint ou partenaire. Si vous refusez de divulguer cette information à votre parrain et/ou partenaire vivant au Canada, vous devrez retirer votre demande de résidence permanente.
Politique publique temporaire au seuil de la demande excessive
Le seuil de demande excédentaire est un montant utilisé par le gouvernement canadien pour décider si le coût de l'affection entraîne une demande excédentaire pour les services sociaux et de santé du Canada. Pour l'année 2023, le seuil de coût de la demande excédentaire est de 128 445 $ CAD sur 5 ans (ou 25 689 $ CAD par an).
Le gouvernement du Canada a récemment créé une exemption à la politique relative au fardeau excessif pour les services de santé et les services sociaux, qui est entrée en vigueur le 1er juin 2018. Cette exemption modifie le seuil établi pour le fardeau excessif afin de faciliter l'immigration des demandeurs dont l'état de santé nécessite généralement des services sociaux et de santé dont les coûts sont supérieurs à la moyenne canadienne par résident. À compter de cette date, le seuil a été porté à trois fois la moyenne canadienne, ce qui pourrait grandement faciliter l'approbation de la résidence permanente pour les personnes vivant avec le VIH, étant donné que le coût de la plupart des antirétroviraux est inférieur à ce montant moyen. Toutefois, le calcul des coûts sera le même, c'est-à-dire qu'il tiendra compte des coûts prévisibles plutôt que des coûts réels et des coûts calculés sur une période de dix (10) ans à partir de la demande.
Cette nouvelle politique s'applique à toutes les demandes reçues à partir du 16 avril 2018. La nouvelle politique s'appliquera également aux demandes qui étaient en cours d'examen à cette date.
Le plan d'atténuation du demandeur atteint du VIH ou du sida
Le 31 décembre 2009, le Tribunal fédéral a rendu un arrêt demandant au gouvernement d'examiner la possibilité pour un individu de subventionner ses propres frais médicaux (par le biais d'une assurance privée ou d'une assurance dans son pays d'origine).
À cet égard, la Cour a conclu que :
"La capacité et la volonté des demandeurs d'assumer le coût de leurs médicaments prescrits en ambulatoire est une considération pertinente pour évaluer si les demandes présentées par l'état de santé d'un demandeur constituent un fardeau excessif.
Par conséquent, si un demandeur dépasse le seuil du fardeau excessif, les services d'immigration doivent l'autoriser à soumettre un plan d'atténuation expliquant comment il entend couvrir les coûts des médicaments. La qualité du plan d'atténuation est l'élément le plus important pour évaluer la capacité et les intentions du demandeur. Il doit être réaliste et crédible et refléter les besoins réels de la personne concernée.
En 2010, la Cour fédérale a rendu un autre arrêt exigeant du gouvernement canadien qu'il examine les circonstances spécifiques du demandeur, qui peuvent empêcher une conclusion simple et générale. Les médecins de l'autorité d'immigration doivent désormais évaluer individuellement chaque dossier médical, les médicaments requis et l'éligibilité du demandeur à une assurance privée et/ou sa capacité à se retirer du régime d'assurance-médicaments financé par la province ou le territoire où le demandeur a l'intention de résider.
Résumé sur le séjour permanent au Canada d'une personne vivant avec le VIH ou le sida
Bien que le critère du fardeau excessif puisse limiter l'admissibilité d'un demandeur à la résidence permanente, la nouvelle exemption prévue par la politique publique temporaire offre une lueur d'espoir. Au lieu de fixer le seuil d'admissibilité à la moyenne des coûts liés aux services sociaux et de santé des résidents canadiens, l'exemption est permissive pour les demandeurs dont les coûts potentiels peuvent être jusqu'à trois (3) fois plus élevés que la moyenne canadienne. Les demandeurs de résidence permanente dont les coûts liés à la santé et aux services sociaux restent supérieurs à ce nouveau seuil auront néanmoins la possibilité de soumettre un plan d'atténuation.
Résidence temporaire
Visa de résident temporaire de courte durée (6 mois ou moins)
Les demandeurs de visa de résident temporaire (visiteurs, étudiants et travailleurs) ne sont généralement pas éligibles aux régimes provinciaux de santé (hôpitaux ou médicaments), ce qui, dans la plupart des cas, ne crée pas de risque que le demandeur représente un fardeau excessif pour les services sociaux ou de santé. Par conséquent, contrairement à la résidence permanente, si le demandeur sollicite un visa de résident temporaire (moins de six mois), il ne devra subir un examen médical que s'il a l'intention d'exercer une profession où la santé publique doit être protégée (par exemple, les travailleurs des services de santé, les travailleurs des laboratoires cliniques, les enseignants du primaire ou du secondaire et les travailleurs des garderies).
N'oubliez pas que les agents chargés des visas conservent le droit discrétionnaire d'exiger un examen médical à tout moment, s'ils l'estiment justifié.
Enfin, il est conseillé aux personnes qui séjournent temporairement au Canada et qui ne sont donc pas éligibles à l'assurance maladie publique de souscrire une assurance privée pour couvrir les frais de santé et de services sociaux en cas d'accident pendant leur séjour. Ces polices d'assurance sont généralement appelées "assurance voyage pour les visiteurs au Canada". Lors de l'obtention d'une telle police d'assurance, il est important de se renseigner sur les conditions préexistantes et les éventuelles exclusions.
Visa de résident temporaire de longue durée (6 mois ou plus)
Pour cette procédure, il peut vous être demandé de subir un examen médical d'immigration (y compris un test VIH) et votre état de santé peut être pris en compte lors de l'évaluation de votre demande de visa. Cela dépend généralement de la durée prévue de votre séjour au Canada, de votre éligibilité à l'assurance maladie publique et de votre état de santé général.
Certains demandeurs doivent toujours se soumettre à un examen médical. C'est le cas par exemple :
- Si vous avez vécu six mois ou plus dans un pays désigné, c'est-à-dire un pays où certaines maladies transmissibles sont plus répandues qu'au Canada.
- Si vous êtes venu au Canada pour exercer une profession où la santé publique doit être protégée (par exemple : travailleurs des services de santé, travailleurs des laboratoires cliniques, enseignants du primaire ou du secondaire et travailleurs des garderies).
- Si vous demandez une supervision pour votre parent ou grand-parent (il s'agit d'un visa de deux ans qui peut être renouvelé cinq fois jusqu'à une durée maximale de dix ans).
- S'il est apparu dans le système frontalier ou à un point d'entrée en mauvaise santé.
Une fois que vous aurez passé un examen médical (qui comprend automatiquement un test de dépistage du VIH), votre demande sera traitée de la même manière qu'une demande de résidence permanente. Vous devrez démontrer que vous n'imposerez pas un fardeau excessif aux services sociaux et de santé canadiens pendant la durée de votre visite au Canada. Vous devrez également fournir un plan d'atténuation réaliste et crédible décrivant comment vous couvrirez le coût de vos médicaments et de vos soins pendant toute la durée de votre séjour au Canada, si nécessaire.
Demandeur d'asile
Les "personnes protégées" et les réfugiés doivent se soumettre à un examen médical par l'IRCC, mais sont exemptés de l'interdiction de territoire au motif qu'ils représentent une demande déraisonnable de services de santé. Une fois qu'il a été déterminé qu'un demandeur d'asile répond aux critères de protection, cette personne peut introduire une demande de résidence permanente au Canada même si elle a besoin de soins et de médicaments antirétroviraux. Cette personne pourra alors s'inscrire à l'assurance maladie provinciale comme tout autre résident permanent.
Pour en savoir plus sur l'immigration et le VIH, vous pouvez également utiliser cet outil interactif en ligne VIH et immigration, suis-je admissible ? (et dans ce document du Réseau juridique canadien VIH/sida intitulé Immigration et voyage au Canada pour les personnes vivant avec le VIH : questions et réponses (2015), vous pouvez approfondir toutes les informations contenues dans cet article.
Si vous souhaitez obtenir des conseils sur votre état de santé actuel ou celui d'un membre de votre famille dans le cadre d'un dossier d'immigration au Canada, vous pouvez prendre rendez-vous avec l'un de nos consultants agréés par l'ICAC. Chez Immiland Canada, nous sommes là pour vous guider. Pour en savoir plus sur nos services , cliquez ici.
Avec amour,
Immiland
Remarque : Cet article ne constitue pas un conseil juridique ou un avis juridique de la part d'un avocat. Il a pour seul but d'informer les lecteurs sur certains aspects des détails du droit en matière juridique.